Grandia 2

Écrit par Djizeuss, le 3 Janvier 2006

Printemps 2001…


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Au commencement était le néant, le vide, le rien infini.

Et seul au milieu de ce rien, un homme, brûlant des GD-roms de Climax Landers et autres Evolution en l'honneur de l'ancien dieu du RPG. Alors, dans sa grande miséricorde, le dieu du RPG lui apparut et accepta de répondre à ses prières.

Ainsi, le premier jour, le dieu du RPG créa Grandia 2, et il vit que cela était bien.
Le deuxième jour le dieu du RPG créa Skies of Arcadia, et il vit que cela était encore mieux.
Le troisième jour le dieu du RPG créa Phantasy Star Online, et il se dit que put…naise ça coûte cher le téléphone.
Le quatrième jour le dieu du RPG eut encore une idée géniale mais monsieur SEGA est arrivé et il a dit comme ça, que la Dreamcast c'était fini et que ça suffisait et qu'il fallait pas rester là sinon il allait appeler un vigile !

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Souvenirs, souvenirs.

Grandia 2 fût donc le premier vrai, gros, grand RPG Dreamcast à être édité en Europe.

Mais permettez moi d'aborder ce test par un retour sur Grandia premier du nom.

D'abord développé sur Saturn puis porté sur Playstation, Grandia nous conte l'aventure de Justin. Un simple gamin qui, comme dans tout bon jeu de rôle japonais, se retrouve impliqué malgré lui dans la quête de sept cailloux magiques vestiges d'une civilisation disparue, pour se retrouver, in fine, dans la position de providentiel sauveur de l'humanité… !

En voilà un scénar qu'il respire l'originalité ! Non ?

Les graphismes, charmants et colorés, mêlent la 3D pour les décors et la 2D pour les persos (l'anti-Final Fantasy époque PSone), au service d'un level design des plus inspiré ! Les donjons notamment font l'objet d'un soin parfois égal aux décors extérieurs, là ou la plupart des RPG offrent un agencement stéréotypé de « couloirs » monotones. Le sommet en la matière est atteint avec les magnifiques niveaux du bateau fantôme ou du chateau hanté !

Les musiques, quant à elles, jouent la carte du très classique avec une indéniable efficacité. Du thème principal, épique à souhait, au super lacrymal « Farewell to Sue »(j'en pleure encore ! Snif !), les mélodies de Grandia sont de celles qui marquent une vie de joueur !

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Tenseiken Slash !!!

Les plus attentifs l'auront remarqué, je n'ai pas encore abordé ce qui fait le sel et la renommé de tout épisode de Grandia : son système de combat !

Pour faire simple précisons que celui-ci est essentiellement basé sur un axe temporel indiquant à tout moment la situation des alliés et des ennemis (qui va attaquer, qui prépare un sort,…) et permettant d'anticiper les actions de l'adversaire afin de mieux le contrer, le harceler de combos et esquiver les coups.

Grâce à ce système, les combats s'avèrent passionnants stratégiques, dynamiques … au début. Car oui il est temps que quelqu'un se lève et crie bien fort la vérité vraie, celle qui fait mal et brise le cœur du pitit fan de base. Oui je l'affirme : les affrontement de Grandia (1 ou 2) deviennent vite chiants !!

Car très rapidement ces combats se caractérisent par une utilisation massive et systématique de la magie et autres techniques spéciales. Jouissif au début (Et Bam les vilaines araignées ! Prenez vous cette pluie de météores dans la gueule !!) mais vite gonflant, car impossible de zapper les petites cinématiques qui accompagnent vos sorts. Et parallèlement à vos ennemis c'est l'aspect tactique qui succombe à ces délires pyrotechniques et destructeurs. A terme il n'y a guère que contre les boss que les combats regagnent en intensité et en stratégie.

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Moi Pifou ! Toi Grandia !

Pour en finir avec Grandia 1 et préparer ma transition vers le second opus je préciserais que l'aventure de Grandia peut-être clairement divisée en deux parties. Dans un premier temps c'est le sourire aux lèvres et les fleurs dans les cheveux (Peace mes frères !) que nous suivons l'aventure d'une poignée de gosses avides de découverte. Un scénario lèger, des graphismes colorés et des situations très naïves. Bref, charmant ! Glop glop ! J'aime !

Deuxième partie :

Les graphismes se dégradent. Le jeu, déjà très linéaire, est désormais vissé à un rail, tandis que sur fond d'apocalypse les persos se perdent en interminables blablas final-fantasiesques, nous abreuvant à l'excès de leurs états d'âmes stériles ! Pas glop du tout !!

Alors pourquoi un tel descriptif ? Bha parce que Grandia 2 est un quasi-remake de cette seconde partie de Grandia 1.

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1 c'est bien, mais 2 c'est mieux !

A l'exception, toute relative, des différences scénaristiques, Grandia 1 et 2 se présentent comme de parfaits jumeaux. Même bestiaire ennemi, lieux utilisant les mêmes thèmes graphiques, système de jeu et de combat reproduit à l'identique, même interface …

Du coup on sort son microscope électronique et sa panoplie de Gil Grissom reçue à Noël pour traquer les différences entre les deux softs.

La première, celle qui saute aux yeux et que même Gilbert Montagné y s'en est aperçu :

le jeu est désormais en haute résolution, et l'animation parfaitement fluide. Le passage aux 128 bits de la Dreamcast se voit et vous pouvez désormais jouer sans risquer la conjonctivite.

Un premier bon point en faveur de Grandia 2 … et qui sera malheureusement le dernier.

Voilà ! Ce très court paragraphe était dédié au(x) qualité(s) du jeu (rayez les « s » inutiles), passons aux motifs de fâcherie …

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C'était mieux avant !

Car les autres changement notables ne déclenchent pas vraiment l'enthousiasme !

Ainsi, la modélisation désormais en 3D des personnages …argl !

«Vous perdez 100 points de charisme ! Rendez-vous directement à la page « modéliser un Playmobil en 3D », ne passez pas par la case départ, ne touchez pas 5 000 francs ! » !

Là ou les sprites d'origine, même en basse résolution, permettaient de conserver, de fait, le trait et le charme du character design, ces nouveaux avatars ont comme perdu leur âme en gagnant en volume. Notons qu'avec la troisième dimension ceux-ci ont également gagné un magnifique manche à balais qu'ils se sont empressés de ranger … dans un endroit finalement peu approprié !

Concernant les décors, le bilan est mitigé. Si les villages bénéficient du soin apporté à l'architecture de certains bâtiments et aux intérieurs très riches, les donjons en revanche ont été (mal)traités à-la-vas-vite et sans doute texturés par un programmeur daltonien !

Pour en finir avec l'esthétique du titre n'oublions pas les cut-scenes narratives.

Problème de budget ou véritable parti pris « artistique » ? Toujours est-il que celles-ci peuvent se présenter sous les formes les plus variées et parfois improbables. Animation traditionnelle, vidéo CG, scènes utilisant le moteur du jeu, et même de savants collages de sprites sur des vidéos en arrêt sur image !! Déroutant ! Voilà le premier jeu dont les cut-scenes nuisent à l'immersion du joueur !

Et comment clore se sympathique paragraphe sans reprocher au jeu sa linéarité. Celle-ci atteint dans Grandia 2 son paroxysme, non seulement on reste sur les rails mais on ne s'avise même pas de tourner la tête pour regarder ailleurs ! Ainsi très régulièrement un bête prétexte de scénario vient justifier l'impossibilité de revenir dans un lieu déjà visité ! Toujours tout droit ! Toujours aller de l'avant, on n'est pas là pour flâner !!

Un rythme imposé qui, comble des paradoxes, ne parvient cependant pas à désamorcer la lassitude qui menace le joueur au détour de certains dialogues un peu lourds, ou durant la traversée de donjons franchement monotones.

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Et pourtant, pourtant …

Jeu n'èhèmeu que toiii !

Car en dépit de ses nombreuses imperfections, Grandia 2 reste un RPG de grande qualité. S'il ne se hisse pas au niveau de son aîné, il sait tout de même en conserver les bases pour séduire les fans de la série.

Le plaisir de jeu est finalement au rendez-vous, et la petite trentaine d'heures nécessaire pour venir à bout de l'aventure permet d'éviter de décrocher prématurément.

Si, dans cette suite, Grandia perd un peu de son charme en lorgnant notamment du côté des Final Fantasy, il fut à sa sortie le meilleur RPG disponible sur Dreamcast et reste l'un des premiers représentants du genre sur la console de SEGA … faute de concurrence !

PS : Mega coup de gueule de dernière minute : dans Grandia 2 les Mogay ont disparu !!! Scandaleux !!

GRANDIA 2 Cover
EDITEUR : UbiSoft NB DE JOUEURS : 1
DEVELOPPEUR : Game Arts
BLOCS VMU : 9
ANNEE : 2000 GENRE : RPG
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